De?claration finale de Djimini 2014
Lors de la 4e?me e?dition de la foire ouest-africaine des semences paysannes tenue a? Djimini, au Se?ne?gal du 11 au 13 Mars 2014, 300 participants, repre?sentant 54 de?le?gations du Be?nin, du Burkina Faso, de la Gambie, du Niger, du Mali, du Togo, du Se?ne?gal, de la Guine?e, de l’Inde, de l’Europe et du Canada se sont re?unies pour promouvoir les semences paysannes.
Accueillies par les autorite?s administratives locales de Ve?lingara (Se?ne?gal), les participants ont analyse?, de?couvert et retenu ce qui suit :
a) Les communaute?s paysannes disposent d’innombrables varie?te?s de semences adapte?es pour toutes les espe?ces ve?ge?tales de leurs syste?mes agricoles et alimentaires ;
b) Les semences paysannes sont des semences reproductibles. Les communaute?s paysannes renouvellent leurs semences a? partir de leurs re?coltes, selon des pratiques ancestrales ;
c) Les communaute?s paysannes sont professionnelles dans la production, la pre?servation, la conservation et la multiplication des semences ;
d) Les communaute?s paysannes de?veloppent et organisent des re?seaux autoge?re?s, dynamiques et avec un fort ancrage a? la base ;
e) Les communaute?s paysannes organisent et de?veloppent des alliances transfrontalie?res et transcontinentales pour partager leurs richesses, leurs savoirs et pratiques agricoles de fac?on autonome ;
f) Ainsi, le Comite? Ouest Africain de Semences Paysannes (COASP), mis en place en 2011, a e?tabli une alliance avec l’Inde pour la promotion des syste?mes agricoles base?s sur les Mils.
Malgre? ces richesses, ces savoirs et ces potentialite?s, les participants a? la 4e?me e?dition de la foire ouest-africaine des semences paysannes ont le regret de constater :
a) Le manque et l’insuffisance de consultation des communaute?s paysannes dans la de?finition des programmes agricoles et semenciers en particulier ;
b) Le manque de consultation des communaute?s paysannes dans la de?finition des lois et re?glements relatifs aux semences ou a? la recherche sur les semences ;
c) Que les savoirs et semences des communaute?s paysannes sont approprie?s par la recherche sans consultation ni approbation des communaute?s, mais e?galement parfois avec la complicite? de certains paysans, ce qui constitue de la bio piraterie ;
d) Que le traite? international sur les plantes (TIRPAA) qui reconnait les droits des agriculteurs (article 9) et l’utilisation durable de la biodiversite? cultive?e (article 5 et 6) n’est pas mis en œuvre par nos gouvernements ;
e) Que la semence paysanne est criminalise?e par les lois semencie?res ;
f) Que les initiatives agro alimentaires des communaute?s paysannes ne sont pas soutenues alors qu’elles me?nent a? une vraie souverainete? alimentaire ;
g) Que les semences dites ame?liore?es sont promues alors que nous savons tous qu’elles nous me?nent a? la de?pendance parce qu’elles sont inadapte?es et qu’elles sont prote?ge?es par des droits de proprie?te?s intellectuelles.
Les participants a? la 4e?me e?dition de la foire ouest-africaine des semences paysannes de?noncent ainsi :
h) La fac?on dont nos Etats cautionnent la diffusion des Organismes Ge?ne?tiquement Modifie?s (OGM) et leurs de?rive?s ;
i) La promotion de l’agriculture industrielle, avec tous les maux qu’elle a cause?s et continue de causer sur l’environnement, la sante? et l’e?conomie. En effet, elle fait une pression e?norme sur toutes les ressources : hydrique, foncie?re, e?nerge?tique et celles des biodiversite?s animales et ve?ge?tales.
Compte tenu des richesses, des savoirs, des pratiques et de la durabilite? des syste?mes agricoles des communaute?s paysannes ; connaissant e?galement les me?faits et dangers des syste?mes agro industriels, nous, participants a? la 4e?me e?dition de la foire ouest-africaine des semences paysannes de Djimini, recommandons et appelons les services publics du Se?ne?gal, de l’Afrique et du monde entier a? :
a) Prendre leurs responsabilite?s pour servir l’inte?re?t ge?ne?ral et non les inte?re?ts de particuliers en cautionnant l’intervention des multinationales ;
b) Arre?ter imme?diatement tous les processus et actes de brevetages du vivant, quels qu’ils soient, parce que c’est contraire a? la mentalite? des communaute?s paysannes, c?a heurte leurs coutumes, leurs cultures, leurs croyances et leur e?thique ;
c) Mener des consultations transparentes, publiques et de?centralise?es avec les communaute?s paysannes avant d’engager tout programme, toute loi et toute politique relatifs aux semences et a? l’agriculture en ge?ne?ral. Nous sommes au courant de la loi en pre?paration sur la libre circulation des semences OGM dans l’espace de l’Union Economique et Mone?taire Ouest Africaine (UEMOA)…, mais elle ne passera pas ;
d) Ouvrir un large de?bat sur les OGM afin que l’information re?elle soit partage?e et connue de tous ;
e) Ne pas laisser les institutions prive?es (AGRA, USAID, NASAN….) orienter la recherche et les programmes nationaux ;
f) Promouvoir l’agriculture familiale qui est faite de diversite?, de renforcement de l’autonomisation des communaute?s paysannes, et de restauration des e?cosyste?mes et de la fertilite? des sols ;
g) Magnifier le ro?le de la femme dans toutes les activite?s lie?es a? la semence, ou? elle de?tient la plus grande expertise. Elle est la gardienne de la semence.
Fait a? Djimini, Se?ne?gal, le 13 Mars 2014